Craddle Mountain et Lake St Clair

Une nuit dans le ferry et nous arrivons en Tasmanie. Nous restons trois semaines pour explorer l’île dont j’en ai l’image d’une terre un peu inconnue et sauvage où vit le fameux diable de Tasmanie. Nous commençons notre aventure par le parc national des Craddle Mountains (le plus connu et le plus réputé pour son ascension et sa vue spectaculaire). Le soleil n’est pas au RDV, ni la chaleur d’ailleurs. On garde donc nos manteaux de ski qu’on avait acheté à Adélaïde en Octobre et que nous n’avons pas vraiment quitté depuis deux mois de temps le plus souvent nuageux, pluvieux et froid (parfois 6 degrés la nuit). Ça commence à faire beaucoup, pas le choix, on fait avec, on s’adapte, c’est ça aussi la vie en 4X4 et en tente. Le parc national est trop en hauteur, on va mourir de froid pour camper. Après une belle balade au Dove Lake où nous découvrons la végétation et les paysages du coin, nous redescendons vers une ville du nom de Zehan côté ouest de l’île où nous regagnons quelques degrés pour la nuit. En chemin, nous avons la chance d’apercevoir au bord de la route un échidné (une sorte d’hérisson typique d’Australie), un wombat (une sorte de très grosse marmotte), puis subitement nous voyons traverser la route en s’enfuyant ce qui nous semble être un gros chat noir avec une tâche blanche, après réflexion ce devait très probablement être un diable de Tasmanie! Trop bien ! La cuisine du camping, avec sa cheminée et son babyfoot nous remonte la morale face à une météo mitigée. Nous continuons notre périple vers le Lake St Clair. Nous randonnons une journée pour découvrir le Mont Rufus : forêt, montagne, jardin d’Eden, le printemps nous offre malgré un temps couvert un paysage en fleur aux multitudes de couleurs. Sur 20km aller/retour de balade, nous ne rencontrons qu’une seule personne : une française bien entendu ! (Pour rappel, les touristes étrangers en Australie sont français et allemands en majorité, où que l’on aille, on tombe toujours sur un français). Cette fois, nous dormons au cœur du parc national et nous faisons la rencontre d’autres animaux : un pademelon (un petit kangourou un peu lourd), un quoll (une sorte de petit écureuil trop mignons couleur caramel à pois blanc), un vrai opossum sauvage et son petit bébé sur le dos (l’opossum de la nature, qui me rappelle les ratons-laveurs en Californie, est beaucoup plus gros et beau que celui des villes qui lui ressemble à un rat gentil).

La pluie est toujours là…

Nous avançons au cœur de la Tasmanie vers le Mount Field National Park où nous découvrons à travers nos balades une belle forêt humide aux milles fougères préhistoriques, aux eucalyptus géants qu’on appelle gum tree (les 2èmes plus grand au monde après les séquoias géants de Californie) et des cascades sublimes illuminées par les quelques rayons du soleil transperçant la forêt dense. Malgré nos recherches, nos yeux affûtés et nos oreilles toutes ouïes, nous ne trouvons pas une des espèces que nous voulons absolument observer : l’ornithorynque (platypus en anglais). Ce n’est que partie remise. Opportunité et patience sont nos meilleures chances. Les platypus sont, avec les échidnés, les deux seules mammifères au monde à pondre des œufs et allaiter leurs petits. Ça mérite qu’on les rencontre !

Help X et Découverte de Hobart : entre histoire de la Tasmanie et tonte des alpacas

Le temps n’étant décidément pas de la partie, il nous fallait trouver une solution de secours (comme à Adélaïde), nous trouvons à nouveau un HelpX où dormir au chaud. Cette fois, autant trouver quelque chose d’un peu atypique. Jennifer voulait absolument tondre des moutons cette année, on a raté le coche au dernier HelpX mais là on a trouvé encore mieux…Nous allons tondre des alpacas ! Un alpaca est une sorte de lama originaire du Pérou et assez présent en Australie dans les fermes que nous avons pu voir. L’alpaca a une tête assez drôle et ressemble à une peluche. Nous débarquons donc dans la région de Hobart chez un couple de retraités australien qui après avoir vécu à Darwin puis à Perth s’est installé à Hobart (c’est très courant chez les Australiens de déménager à l’autre bout du pays plusieurs fois dans leur vie).  Alison nous fait découvrir sa petite exploitation d’alpacas et son mari Hank, ancien géomètre (qui ne s’intéresse que très peu à ces bêtes) nous plonge dans la géographie et l’histoire de la découverte des côtes tasmanes. Les français y ont d’ailleurs marqué leur empreinte. Beaucoup de côtes et de lieux touristiques possèdent des noms français. Bruni d’Entrecasteaux, un navigateur français, en fait partie. Au commande de deux frégates La Recherche et L’Espérance, il part retrouvé l’expédition sans nouvelles de Jean-François de la Pérouse sur ordre du roi Louis XVI en 1791. Il dessinera les côtes tasmanes et son nom sera donné au détroit formé par le littoral sud-est de la Tasmanie, aux îles de Bruny island, à Esperance Bay et Recherche Bay sur les côtes. Nous profitons de notre HelpX pour visiter Hobart, le Mt Wellington qui surplombe la ville, mais aussi pour faire nos lessives, nous reposer, prendre de bonnes douches chaudes et manger autre chose que des nouilles à 65ct et des boîtes de thon à 60ct avec du pain de mie ! :)

L’Histoire de Tasmanie n’est franchement pas glorieuse. Une après-midi au musée et quelques visites nous ont vite rappelés que ce sont des fermiers et des prisonniers anglais qui ont bâti les premières colonies et que les aborigènes qui vivaient en Tasmanie depuis des milliers d’années (35 000 ans au moins) se sont tous fait massacrer. Voilà… Il faut rappeler que les anglais se sont aussi empressé de conquérir le territoire lorsqu’ils ont vu que les français s’y intéressaient. Toutefois, on a appris à travers nos lectures que les explorateurs français de cette époque, souvent des scientifiques, des naturalistes et des anthropologues avaient rapporté que ces terres étaient déjà occupées par les aborigènes et ils n’aspiraient donc pas à les conquérir.

Aujourd’hui, les australiens tentent timidement de se « racheter » ou trouver rédemption en redonnant des territoires aux aborigènes où en essayant de retrouver des traditions et des techniques ancestrales disparues (ils ont réussi à reconstituer une barque aborigène à travers une maquette offerte par les aborigènes aux premiers explorateurs. Ils ont dû scanner la maquette pour retrouver comment la construire à taille réelle.).

Les premiers australiens ont aussi exterminé le Tigre de Tasmanie. A l’époque, ce chien sauvage tigré attaquait les troupeaux de moutons importés d’Angleterre. Cet animal habitué à chasser dans la jungle tasmanes voit du jour au lendemain un frigo sur pattes à portée de crocs, forcément ça attire les bêtes ! Les fermiers et tous les autres australiens de l’époque les ont chassés jusqu’au dernier (le gouvernement instaura une loi autorisant et encourageant la chasse au tigre de Tasmanie, offrant même des récompenses !). Le dernier tigre de Tasmanie est mort dans un zoo en 1936, deux mois après que la Tasmanie est enfin décrétée le Tigre de Tasmanie comme espèce protégée car en voie d’extinction. La tonte des alpacas restera un moment drôle et atypique. Etre un shearer (celui qui tond les alpacas) demande de maîtriser une technique particulière pour ne pas couper l’animal. Nous participons à la tonte de deux manières :

- En amenant les bêtes jusqu’à la table de tonte, en les attachant (on dirait un peu un instrument de torture au premier abord mais c’est surtout pour éviter que les bêtes se fassent mal

- En collectant et en triant la laine au fur et à mesure que le shearer tond l’alpaca. Chaque partie de la bête a une qualité de laine différente. 8 heures et 70 alpacas plus tard nous terminons notre journée bien fatigante mais tellement improbable ! Nous restons 5 jours chez Alison et Hank. Nous y ferons d’autres types de travaux étonnant comme passer l’aspirateur dans les enclos des alpacas. Oui, oui, l’aspirateur. Les alpacas ne paissent pas (du verbe paître) là où ils défèquent. Donc il faut passer l’aspirateur à caca ! On vous laisse découvrir les photos de ces moments à la ferme.

Découverte des îles et de la côte Est, nos mésaventures en tente

Nous continuons notre voyage sur Bruny Island : une île sauvage et magnifique où nous profitons des plaisirs locaux malgré un temps encore nuageux. (Dégustation d’huîtres et de fromages locaux et des balades autour de l’île). Nous campons sur l’île, sur une langue de terre dans les buissons à 100 mètres de la plage. Parfait ! Encore une fois, nous pouvons apprécier la compagnie des animaux sauvages : échidnés, kangourous, perroquets noir à queue jaune, kookaburras, des petits oiseaux bleus magnifiques appelés « splendid fairy wren », et même des pingouins ! Nous observons les pingouins à la tombée de la nuit sortir de l’eau après une journée en mer pour rejoindre leur nid dans les dunes où attendent leurs petits. Encore un moment magique en Australie ! Le soleil fini par arriver et nous pouvons savourer les paysages dans toute leur beauté.

Après 2 jours de camping « sauvages » (c’est-à-dire des campements sommaires en pleine nature, sans eau potable, sans sanitaires ni électricité bien sûr), nous retournons sur l’île principale de Tasmanie où notre préoccupation majeure à 19H00 est de trouver une douche chaude et gratuite après 48h sans rien (la douche solaire, on oublie quand il ne fait que 10 degrés le soir hein !)

On finit par en trouver dans un vestiaire d’un ancien club de voile à l’abandon près de la plage à Hobart. Il est tard et nous finissons par dormir dans un free camp sur la route mais voilà, notre périple continue : il y a beaucoup de vent, impossible de sortir la roof tent ( option A) et notre petite tente Kmart ( option B) est bien trop fragile pour contrer le vent de plein fouet après avoir déjà subi le vent sur l’Oodnadatta Track en octobre dernier ( et puis surtout il est déjà 22h, il fait nuit, il fait froid et on a la flemme de monter la tente dans le noir et gonfler les matelas). On décide donc de dormir dans la voiture à l’arrache. La nuit se passe plutôt bien malgré l’inconfort de la position (la voiture est chargée et on ne peut pas abaisser les sièges vraiment à fond) et malgré un coup de klaxon sur le volant par mégarde en se retournant pendant la nuit.

Direction Tasman Island pour 2 jours où la vue sur les falaises et les formations rocheuses sont magnifiques malgré le vent. Nous poursuivons vers le Freycinet National Park : un endroit sublime qui nous fait comprendre pourquoi la Tasmanie est aussi magnifique. En plus des montagnes, des forêts humides et de la vie sauvage unique, les plages sont paradisiaques et les vues sensationnelles. Mais voilà, pour notre premier soir de campement, il y a alerte météo vent fort et l’aventure continue ! Nous campons dans les seuls emplacements possibles : les buissons dans les dunes le long de la plage (ce qui en temps normal avec du soleil et de la chaleur est juste magnifique). On oublie la roof tent et on opte pour la tente Kmart. On installe notre campement, nous mettons la tente presque dans les buissons pour la protéger du vent mais elle se casse au moment du montage. Il commence à faire nuit…pas de répit, nous construisons une atèle de fortune avec un bout de bois et de la ficèle pour maintenir les arceaux (même McGyver et Bear Grill n’auraient pas fait mieux ! ;p). Nous sommes devenus de vrais campeurs ! Petite soirée ciné dans la voiture à regarder Mad Max ( film tourné en Australie pour rappel) et un opossum en profite pour grimper sur le toit de la voiture. Freycinet restera un des endroits les plus magnifiques que nous aurons découvert ici.

Nous remontons la côte Est pour découvrir les plages toutes aussi belles de la Bay of Fires. Puis pour finir notre voyage en Tasmanie nous retraversons les terres pour nous rapprocher du ferry qui nous ramènera sur le continent. Il reste toutefois une aventure inachevée : la chasse au platypus. Qu’à cela ne tienne ! Nous trouvons un free camp sur la route où les platypus ont été vu récemment. Nous atterrissons dans un patelin paumé mais joli qui dispose d’un free camp bien aménagé au bord d’un étang. Bingo ! A peine arrivé et encore dans la voiture, nous apercevons un platypus pataugé dans l’étang ! On est ravi ! Le platypus est bien l’une des espèces les plus difficiles à observer et nous avons la chance de pouvoir le voir tranquillement nagé, remonté à la surface pour respirer puis hop replonger au fond de l’eau. On adooore !

Notre périple en Tasmanie se finit et nous avons vu tout ce que nous voulions voir. Seule la météo nous aura laissé un souvenir mitigé mais au final, nous avons vécu et vu plein de belles choses !