Caboolture : la ville de la loose

Après un mois de recherche (infructueuse) à Brisbane, on a décidé d’aller bosser en ferme car c’est là où l’on avait le plus de chance de décrocher un job. Comme on avait la voiture de Pascale et Anthony, on a préféré ne pas trop s’éloigner : direction les fermes de fraises de la ville de Caboolture à 1 heure au nord de Brisbane.

Vous allez me dire : « Mais pourquoi la loose ??? » Eh bien, c’est très simple et on va vous résumer ces 48h en 3 points :

1/ le plan galère dès notre arrivée

Tout a commencé avec une annonce pour un job de picking/planting de fraises à Caboolture trouvé sur le site de Gumtree (l’équivalent du boincoin.fr).
Un mec nous répond par sms et nous donne rdv le lendemain à Caboolture. Bingo ! Nous allons donc à l’adresse qu’il nous a indiquée et là on est perplexe. On s’attendait à marcher dans la terre pour rejoindre une ferme et non ! Nous nous retrouvons dans un quartier résidentiel tout juste sorti de terre, pas un arbre, pas un brin d’herbe et pas un coin d’ombre. On appelle le mec qui ne répond pas bien sûr. On finit par sonner à la porte au bout de 30min d’égarement assis sur le bitume en plein cagnard devant cette maison toute neuve qui est notre lieu de rdv…On voit alors à travers la fenêtre un mec asiatique, allongé sur un petit matelas au sol dans le salon, se lever pour nous ouvrir la porte. On se présente. Sur le moment, il ne comprend pas qui on est ; puis il finit par nous dire que c’est bien ici, qu’il a bien du travail pour nous, qu’on verra plus tard pour les papiers et que, si on veut, il peut nous louer une chambre. Là on creuse. Il nous fait visiter la maison : une maison vide, aucun meuble à part une petite table autour de laquelle sont assis deux japonais qui regardent une vidéo sur leur ordi ; puis les chambres, vides elles aussi, avec un matelas seulement. Voilà ! Et avec un grand sourire le mec nous dit qu’il y a deux toilettes, un pour les filles et un pour les garçons ; et tout ça, bien entendu, dans un anglais plus qu’approximatif. On est sorti de là on est resté sans voix Baptiste et moi. La grosse blague ce plan. Et maintenant on fait quoi ? On est sceptique sur la chambre mais on doit trouver un travail et on ne sait toujours pas où dormir ce soir.

2/ le camp de travail chinois

On ne se laisse pas démonter. On décide de faire le tour des fermes. On a alors erré toute l’après-midi dans tous les champs autour de Caboolture sans jamais trouver de fermiers sauf une fois. Là on nous explique que les champs sont découpés en plein de petites parcelles et que les travailleurs sont dispatchés chaque jour pour faire les plantations de fraises. Dans cette ferme, ils peuvent nous prendre mais il faut dormir sur place. Le mec, un asiatique, nous fait visiter les lieux. Sans faire nos marseillais, on vous jure que ça ressemblait à un camp de travaux forcés. En plein milieu du champ se trouvaient la ferme et un grand espace fait de tôle : les sanitaires en tôle, les douches en tôle avec minuteur de 5 minutes, le préfabriqué pour la cantine avec une pauvre jeune asiatique toute seule au milieu sur une des tables. Puis notre chambre, plus petite qu’une cellule de prison mais avec air conditionné quand même, waouhhh, on est gâté… Bref, on est encore une fois égaré par ce qu’on nous propose. On doit payer la chambre pour deux semaine avec une semaine de caution et deux semaines de préavis nous précise-t-il ; sans même nous parler du montant de notre salaire. En fait on a plus l’impression de devoir payer que de venir ici pour être payés. Bref on s’en va encore une fois bien sceptique. Pas le choix, rdv pour la cueillette demain à 6h00. C’est bien beau tout ça mais la nuit commence à tomber et on ne sait toujours pas où dormir.

3/ le backpacker du désespoir

On finit dans la seule auberge de jeunesse de la ville. Du coup, ils se font plaisir niveau tarif : soit tu paies pour une semaine de logement à prix standard, soit tu paies ta nuit deux fois plus chère. Quoi qu’il en soit, après le bilan mitigé de notre journée nous ne sommes pas sûrs de vouloir nous engager. On paie donc pour la nuit au gérant chinois.  Ah les joies des backpackers ! Baptiste est dans une chambre de garçons et moi chez les filles. J’ouvre la porte de ma chambre et là je découvre mes colocataires d’un soir : 2 coréennes, 2 taïwanaises et 1 chinoise. Après les fermiers chinois, les travailleurs chinois. Ok donc les fraises c’est le business des asiatiques, on l’aura bien compris. On rencontre quand même 3 français dans le backpacker qui nous expliquent comment  se passe le picking et nous décrivent à quel point Caboolture c’est pas le rêve mais plutôt l’arnaque niveau salaire et hébergement. Les mecs sont obligés de payer l’auberge à la semaine et reçoivent leur salaire toutes les 2 semaines. Honnêtement les pauvres garçons avaient l’air désespérés d’être coincés là et ils nous ont littéralement dit de fuir à tout prix du backpacker et même de Caboolture ! Donc après une soirée morose entre France et Asie, sans avoir parlé à un seul australien depuis le début de notre périple, on finit par être un peu sceptique forcément. Pas encore découragés mais pas du tout confiant, on se lève à l’aube pour fuir le backpacker et rejoindre notre camp de travaux forcés pour faire un essai. On est gonflés à bloc, on a les chapeaux, les gants de jardinage, on a mis la crème solaire, on a rempli les bouteilles d’eau et on est à l’heure (ok d’accord on est limite ;p). On arrive à la ferme, on gare la voiture mais personne sur le parking ; là on se retourne et on voit au loin un minibus qui se barre vers les champs.

What the f***k ?!!!  


Bon ok c’est décidé on se casse de Caboolture. Echec…

On terminera toutefois sur une note positive. Dans un dernier effort pour trouver une ferme, on a suivi les conseils d’un backpacker qui bossait dans une ferme plus loin ; On a trouvé une VRAIE ferme australienne avec des AUSTRALIENS . Une ferme entourée de paysage magnifique au milieu de nul part, ça donne plus envie. Mais voilà, en fait ce n’est pas encore la saison. En gros le planting c’est trop tard et le picking c’est trop tôt. Voilà voilà, au moins on était fixé ! Ce qu’on a apprécié c’est l’australienne qui nous rattrape en 4x4 sur la route juste pour nous demander si on a besoin d’aide et nous proposer de l’accompagner chez elle pour nous donner un contact pour trouver du travail. Trop sympa. C’est là qu’on se rend compte que les Australiens sont toujours prêts à aider quand tu es en galères.