Après 4 mois de vacances, et 2 semaines sur une île paradisiaque, le retour à la réalité a été plutôt dur. Notre première journée a commencé de bon matin, levé à 6h, un petit déjeuné rapidement avalé, un peu de confusion pour retrouver nos affaires rangées aux quatre coins de la voiture. On arrive juste à l’heure à 7h30, sans savoir trop ce qui nous attend. Après des explications (en anglais bien sûr) sur les règles de sécurité et les poivrons (on a rien compris…), on a chacun rejoint nos postes : Baptiste au « stacking », c’est-à-dire à empiler les cartons sur les palettes, et Jennifer au « sorting », c’est-à-dire au tri des poivrons sur les tapis roulants.

On a vite compris que le rythme était intense, une pause de 15 minutes le matin et l’après-midi (le temps de quitter la ligne et de se laver les mains, il en reste déjà plus que 10 et ça sonne 5 minutes avant la fin de la pause pour avoir le temps de se relaver les mains et de rejoindre son poste, super !) et 30 minutes pour manger (20 minutes donc, pour les mêmes raisons). Comme on est des pros, on avait rien préparé pour le midi… Heureusement, on a pu courir jusqu’à la voiture où il nous restait quelques boites de conserves !

La journée a fini vers 17h. Une journée bien fatigante pour tous les 2, pour Jennifer qui doit rester debout en statique et trier 10 poivrons par seconde sans aucun répit et pour Baptiste qui doit porter et empiler un carton de 8 kg toutes les 3 secondes.

De retour au camping, on a découvert qu’il était infesté de moustiques et de sandflies… ah les sandflies, parlons-en ! Ce sont de minuscules mouches, très difficiles à repérer et dont les piqûres démangent encore plus que les moustiques. Un cauchemar pour les jeunes backpackers non immunisés (ah c’est pour ça qu’il n’y a que des australiens !). Au total, on aura tenu moins d’une semaine dans ce camping. Même habillés des pieds à la tête, on se faisait piquer sur les mains et les doigts et à travers les vêtements ! Tous les soirs 5 piqures de sand flies, ca fait 35 piqures sur le corp qui démange au bout d’une semaine.  Si on ajoute le rythme intense de 10 à 12h de travail par jour, on comprend vite pourquoi la petite Jennifer, les larmes aux yeux se couchait dans la tente en disant à Baptiste : « J’en peux plus, je vais pas tenir, c’est pas possible » telle Josiane Balasko dans les bronzés fond du ski qui est au bout du rouleau après 24h dans ses chaussures de ski.  On aura quand même passés de bons moments, dont un tournoi de fléchettes avec saucisses au barbecue où Jennifer a gagné 2 carte cadeaux de 20$ et des soirées avec des pêcheurs australiens qui nous ont gentiment offerts du crabe, des crevettes et des filets de poissons fraichement pêchés !

Après cette expérience un peu trop proche de la nature et des moustiques, nous avons donc décidé de revenir à la civilisation. Nous sommes allés à la ville la plus proche, Home Hill, à 50km tout de même ! On a donc changé de camping et ça nous a sauvés ! Surtout la piscine olympique gratos juste à côté !  On a cherché un vrai logement car on s’est vite rendu compte que camper et bosser 60h/semaine c’est fatiguant. Après une visite dans une maison digne d’un épisode de Breaking Bad, on vous passe les détails de l’odeur de weed dans le garage avec les 2 ados défoncés et des bouteilles de whisky dans le frigo, on a fini par trouver par chance un bus aménagé à louer pas chère sur une vieille annonce Gumtree. On n’ y croyait pas : un bus tout confort avec TV, cuisine et salle de bain intégré, le luxe après ces derniers jours assez hard core ! On a quitté notre campement en moins de 10 min et on a emménagé dans le bus dans l’heure qui a suivi ! A partir de là on est devenu beaucoup plus opérationnel et bien que toujours aussi intense et difficile physiquement, les 12h de poivrons sont devenus beaucoup plus supportable surtout avec de l’ibuprofène et des pancakes au Nutella.

Après un mois de poivrons, on a dû voir défiler pas moins de 10 000 poivrons rouge, vert ,jaune, coloré, semi ; et des milliers de melons rond ,ovale, qui sentent bon , qui puent, beaux, moches, lourd ou léger. On a aussi vu notre compte en banque se renflouer considérablement. A nous deux on aura gagné près de 10 000 dollars en un mois ! Bon à base de 60h/semaine, 6 jours sur 7 quand même ! Après quelques temps le rythme s’est ralenti au rythme de la météo moins clémente : il a commencé à pleuvoir plus souvent et les températures ont chuté pour atteindre les 10 degrés. Là on s’est souvenu que c’est  l’hiver en Australie en fait !